Histoire Du Kendo

Le Kendo

Le kendo (剣道, 劍道 - littéralement la voie du sabre, en japonais kendō, avec un o long) est la version moderne du kenjutsu (剣術), l'art du sabre pratiqué autrefois au Japon par les samouraïs. Par version moderne, il faut comprendre que le kendō n'est pas seulement un art martial mais également un sport de compétition, qui présente donc certaines règles. Cependant, le kendō n'est pas seulement un apprentissage de techniques et de tactiques du combat au sabre, mais également un apprentissage spirituel. Le kendō permet à ses pratiquants de développer leur force de caractère, leur détermination et leur force morale. Les pratiquants sont appelés kenshi ou kendōka. Le kendo se pratique traditionnellement dans un dōjō.

 

Histoire

 

« Le kendō est la plus ancienne, la plus respectée et la plus populaire des disciplines modernes du Budo » nous indique en 1983 Donn F. Draeger, l'un des meilleurs spécialistes des arts martiaux japonais. Le kendō, la voie du sabre, est l'équivalent de l'escrime japonaise. Il était alors pratiqué avec de véritables sabres par les samouraïs.

Pendant la période Edo (1600-1868), le kendo moderne prend son essor à la faveur de la paix qui marque cet « âge d'or » du Japon classique, alors totalement fermé au reste du monde. Le kendō est alors l'un des 18 arts martiaux que doit pratiquer le samouraï. De nombreux traités sur le sabre sont publiés à cette époque au Japon tel le Hagakure de Yamamoto Jocho. Le kendō devient alors « populaire » en profitant des techniques d'entraînement mises au point dès le XVIIe siècle : sabre en bambou (shinaï) et différentes protections.

À l'occasion de l'ouverture au monde du Japon (1868), la caste des samouraïs est dissoute et les arts martiaux méprisés par les Japonais eux mêmes. En 1900, toutefois, une fédération universitaire de kendō est fondée au Japon, la Zen Nippon Kendō Renmei, qui joue un rôle déterminant dans la codification du kendō moderne et sa diffusion à l'étranger. L'Occident découvre le kendō dès le XIXe siècle à travers des récits de voyages. En 1899, une première présentation de kendō a lieu en France à l'occasion de la visite du créateur du judo moderne, Kano Jigoro.

La chute du Japon en 1945 porte un coup sévère aux traditions japonaises. Il faut ainsi attendre 1950 pour assister à la réouverture des écoles d'arts martiaux au Japon. À cette occasion, des maîtres sont dépêchés à l'étranger, en France notamment. Citons ici maître Mochizuki Minoru, notamment 4e dan de kendō. Sous le contrôle de ces maîtres japonais, parfois rivaux, la France commence la pratique du kendō dès le début des années 1950 sous l'égide de la Fédération Française d'Aïkido, Taï-Jitsu et kendō qui organise le premier championnat de France de kendō en 1959. Les premiers championnats du monde ont lieu le 5 avril 1970 à Tōkyō organisés par la toute jeune fédération internationale fondée par les Européens en février 1970 : International Kendō Federation.

 

Ki ken tai no icchi (気剣体の一致)

 

Un principe fondamental du kendō est le ki ken tai no icchi, autrement dit l'unité

  • du corps (tai), représentée par le fumikomi-ashi, un rapide pas en avant,
  • de l'esprit (ki, qui désigne de manière plus globale « l'énergie vitale »), représenté par le kiai, le cri traduisant la combativité ;
  • et du sabre (ken), le coup porté.

Par conséquent, un coup n'est valable en kendō que lorsque le combattant exécute avec conviction ces trois actions au même instant. De manière plus générale, on peut dire qu'en kendō, on frappe principalement « avec les hanches » (koshi), et non pas avec les bras comme on le suppose souvent à tort.

Cette notion d'engagement des hanches est commune à tous les budo : les combattants s'attachent à maintenir une distance de sécurité (ma ai) afin de préserver leur intégrité; pour frapper, il faut donc avancer tout en gardant son équilibre (shisei). Cela se fait donc en avançant non pas le buste mais tout le corps, donc les hanches (puisque les hanches sont le lien entre les jambes et le buste). Le mouvement des bras ne fait qu'accompagner ce mouvement des hanches.

 

Kiai

 

Le kiai n'est pas déterminé à l'avance. L'idée est de développer son propre « cri de guerre » en fonction de ses préférences. Ce dernier reflète la combativité et vise à intimider l'adversaire. Le choix est libre. Débutant, on commence d'abord par crier la partie du corps visée (men, kote, do, tsuki). Au fil de la progression, on peut remplacer ce kiai par un cri plus personnel, généralement une voyelle (i, o, aïïi, ou, etc). Les kata sont une exception. Dans ces derniers, les coups ne sont pas systématiquement accompagnés d'un kiai, mais le dernier coup est accompagné de « Ya ! » (uchidachi) ou « To ! » (shidachi).

 

Points d'attaque

 

En kendō, seules certaines parties du corps peuvent être touchées pour que le coup soit considéré comme valable. Les quatre cibles principales sont : le sommet de la tête (men), les poignets (kote), les flancs (dō) et la gorge (ski). Lors des exercices d'entraînement, le kiai doit correspondre à la partie du corps visée. Ainsi, un coup porté sur la tête sera par exemple accompagné du cri « Men ! ». De plus, le coup doit être porté avec le premier tiers du shinai. Il faut aussi noter que le coup à la gorge est réservé aux pratiquants ayant déjà une certaine expérience, une mauvaise exécution pouvant blesser l'adversaire malgré les protections.

 

 

Armes

 

Le katana () est le célèbre sabre japonais qu'utilisaient les samouraïs de l'époque. Aujourd'hui, leur fabrication est réglementée par le gouvernement japonais en termes de qualité et de quantité. Ceux-ci ne sont aujourd'hui publiquement utilisés que lors de l'exécution des kata.

Le shinai (竹刀) est un sabre composé de quatre lattes de bambous attachées entre elles. Il ne s'agit pas d'un simple bâton mais d'une version non tranchante du katana qui permet d'éviter les blessures. Le shinai est toutefois une réplique fidèle de l'arme en termes d'équilibre, bien qu'il soit plus léger (500 grammes).

Le bokutō ou bokken est une version en bois (de chêne le plus souvent) du katana. Il est plus proche de ce dernier que le shinai et par conséquent plus dangereux. Il était autrefois utilisé pour l'entraînement, mais il a aujourd'hui été remplacé par le shinai. Le bokutō reste toutefois employé pour l'exécution des kata.

 

Armure

 

Le bogu est l'armure du kendōka protégeant principalement les parties du corps visées et limitant ainsi, tout comme le shinai, les risques de blessures lors de l'entraînement ou des combats. Il se compose des pièces suivantes :

  • men () : casque pourvu d'une grille métallique couvrant pratiquement l'ensemble de la tête, les épaules et la gorge.
  • kote (甲手) : gants protégeant les poignets et une partie des avant-bras.
  • do () : plastron protégeant le ventre au niveau des côtes et qui remonte jusqu'a la poitrine.
  • tare () : protection couvrant le bas-ventre et les cuisses.

Les armures sont le plus souvent faites de coton et de cuir teintés indigo. Pour la grille du men, plusieurs métaux sont utilisés, le plus fréquent est le duraluminium et le titane pour les armures de qualité supérieure. Le do est fait en fibre de verre ou, pour les meilleurs bogu, en lattes de bambou.

 

Vêtements

 

Les vêtements traditionnels du kendōka sont le hakama et le keiko-gi. Ceux-ci sont généralement de couleur indigo. Les extraits végétaux utilisés pour la teinture ont des propriétés styptiques. Plus rarement, des vêtements de couleur blanche sont utilisés pour symboliser la pureté de l'esprit (utilisés souvent par certains maîtres, les femmes ainsi que les jeunes). Par contre, chacun est libre de choisir ses propres couleurs et motifs en ce qui concerne la partie protégeant l'abdomen et le foulard couvrant la tête (tenugui). Le foulard permet de limiter le contact entre la transpiration et l'armure. On peut enfin noter que le grade du kendōka n'apparaît pas sur ses vêtements.

 

Combats

 

 

Pour gagner un combats (shiai), il faut remporter deux points. Un point est accordé lorsqu'une attaque est réalisée correctement. Autrement dit elle doit porter sur une des parties du corps autorisées, et respecter le principe du ki ken tai no ichi. L'attaquant doit également faire preuve de zanshin, c'est-à-dire rester conscient de son entourage et de l'existence de son adversaire, notamment en adoptant une posture correcte après l'attaque. En compétition, le kiai doit correspondre au coup porté, mais lors des matchs d'entraînement dans le dōjō, le cri est en général libre.

En compétition, il y a trois arbitres, chacun d'entre eux portant un drapeau rouge et un drapeau blanc, correspondant aux deux combattants, qui portent le drapeau de leur couleur attaché dans leur dos. Un des juges est le juge principal, et les deux autres l'assistent dans le jugement. Pour qu'un point soit accordé, deux juges doivent être d'accord. Pour indiquer leur choix, ils lèvent le drapeau du combattant ayant marqué le point.

Les combats sont limités dans le temps. Si le temps est écoulé avant qu'un des deux combattants ait marqué deux points, plusieurs solutions sont possibles. Si le score est 1-0, le joueur ayant marqué le point remporte le match. En cas d'égalité, les juges peuvent décider d'un temps de prolongation, de finir le match en "mort subite" (le premier combattant marquant un point remporte la victoire) ou simplement de choisir eux-mêmes le vainqueur (hantei).

Les championnats internationaux de kendō sont organisés tous les trois ans depuis 1970, date de la fondation de la Fédération Internationale de Kendō (International Kendō Federation, IKF). Elle regroupe 44 pays à travers le monde entier.



06/06/2007
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 34 autres membres