Histoire Du Cha Quan

Le Cha Quan

Le cha quan est l'art martial traditionnel de la communauté chinoise des Hui. Il appartient donc à la famille des arts martiaux chinois (wushu).

Les Hui tiennent une place importante parmi la multitude des minorités existantes en Chine. Ils étaient au nombre de 8 602 978 en 1990, soit le quatrième rang de population après les Han, les Zhuang et les Mongols. Ils sont répartis sur tout le territoire (principalement dans les provinces du Ningxia, Gansu, Qinghai, Xinjiang, Henan, Hebei, Shandong, Yunnan) et souvent regroupés en village ou en quartier, ce qui constitue une de leur particularité : ils sont « largement dispersés et rassemblés en petits groupes », souvent sur ou à proximité des lignes de communication. Il existe de nombreuses zones autonomes hui, la province de Ningxia qui est le « berceau des Hui » (en mandarin huizu zhi xiang), de nombreux départements et districts autonomes.

Les Hui pratiquent la religion musulmane. L'islam (soufisme) s'est perpétué dans la communauté depuis ses origines, a joué un rôle non négligeable dans sa formation et influence encore toute sorte d'aspects de sa vie. Il est arrivé en Chine au VIIe siècle avec les premiers commerçants arabes et perses et fut appelé au cours de l'histoire « loi des Huihui » (huihuifa), « religion des Huihui » (huihuijiao), « religion de la pureté et de la vérité » (qingzhenjiao).

Le cha quan est souvent nommé la « boxe de l'islam » (jiaomen quan), « boxe des Huihui » (huihui quan). Ces appellations génériques ne lui sont pas réservées et peuvent de même être employées pour d'autres boxes pratiquées dans la communauté hui (comme les tantui, le xinyiliuhe quan ou le tangping quan).

Les Origines

Il existe principalement trois hypothèses traditionnelles ; elles fixent chacune la naissance de la boxe à des époques différentes mais, malgré cela, font toutes mention d'un personnage hui nommé Cha Mi'er, souvent présenté comme un militaire.

La première hypothèse est la suivante. Pendant la dynastie Tang (618 - 907), une troupe de soldats hui entreprit un voyage dans les plaines centrales. En passant dans le district de Guan dans la province de Shandong, un jeune général nommé Hua Zongqi dut être laissé dans un village hui (Zhangyizhuang) pour être soigné de ses blessures. Une fois guéri, il enseigna aux villageois l'art martial dans lequel il excellait pour les remercier, la « boxe des postures » (jiazi quan­) ou la « boxe des grandes postures » (dajia quan­). Le nombre de disciples ne cessant d'augmenter, il dut demander à son aîné, Cha Yuanyi ou Cha Mi'er, de venir l'aider. Celui-ci était spécialiste de la « boxe des positions du corps » (shenfashi quan­) ou « boxe des petites postures » (xiaojia quan­). Par la suite, on utilisa leurs noms pour désigner leurs boxes, elles devinrent respectivement la boxe de Hua et la boxe de Cha.

La deuxième hypothèse est la suivante. Sous la dynastie Ming (1368 - 1644), pendant les invasions japonaises, les gouvernants donnèrent l'ordre de recruter des soldats et former des troupes pour s'opposer à ces invasions. Cha Mi'er (ou Cha Shangyi), un Hui originaire de la région du Xinjiang, décida de s'enrôler dans cette armée et de partir au combat. Le voyage était long. Avant d'arriver à destination il tomba malade et fut laissé par ses compagnons dans le village Zhangyizhuang du district de Guan. Après son rétablissement, il décida d'enseigner aux villageois son art martial pour les remercier. C'est ainsi que se répandit le cha quan.

La troisième hypothèse est la suivante. Pendant la dynastie Qing (1644 - 1911) et l'occupation de Pékin (1901) par les armées des huit puissances alliées (baguo lianjun), Cha Mi'er, mû par un sentiment d'indignation, entreprit un voyage des provinces de l'ouest jusqu'à la capitale afin de combattre l'envahisseur. Il tomba malade dans la région du district de Cang où il fut soigné par la médecine musulmane. Les troubles avaient déjà cessés lorsqu'il fut rétabli. Il ne possédait rien à donner en dédommagement des soins qu'il avait reçus et décida alors de rester enseigner son art martial en remerciement. Cha Shangyi et Cha Shouyi lui succédèrent, ainsi la boxe fut-elle nommée cha quan.

Ces histoires contiennent une grande part de légende. Elles ne correspondent sans doute pas à des faits historiques. L'existence même de Cha Mi'er est à mettre en doute.

Les trois principes externes

1 - Les mouvements :

« Les postures sont allongées » (zishi shuzhan), « Les mouvements sont complets et coordonnés » (xietiao wanzheng)."La taille guide les épaules et les bras. Les hanches dirigent les jambes et les pas. "

2 - La force :

« La force est déployée sans obstacle » ( fali shunda), «Les mouvements sont cinglants rapides et puissants » (cui kuai you li).Le bras (ou la jambe) est relâché jusqu'au dernier moment avant l'impact, la force (contraction) est déployée pendant un très bref instant puis le bras est de nouveau rapidement décontracté (tout en restant tendu).

3 - Le rythme :

« Le rythme est clair et rapide » (jiezou mingkuai)Les mouvements sont groupés et leurs exécutions alternent le souple et le dur, le calme et la détermination.

Les trois principes internes

1 - L'essence (jing) ou "intention" :« Combattre un adversaire comme s'il n'y avait personne devant soi et s'entraîner comme s'il on avait un adversaire. » (xing quan you ren ruo wu ren, shi fa wu ren ruo you ren )

2 - Le souffle (qi) :« Le souffle catalyse la force. » La respiration s'effectue par le nez, la bouche fermée en utilisant la respiration ventrale.

3 - L'esprit (shen) :L'esprit se manifeste principalement par le regard qui est d'ailleurs appelé en chinois « l'esprit des yeux » (yanshen)« L'intention et le souffle sont comme les racines de l'arbre, les mouvements ressemblent aux branches et aux feuilles des arbres, si l'on ne recherche que l'apparence et non pas le fondement alors l'art sera superficiel et facilement tari. » (yi qi ru shu zhi genjing, dongzuo si shu zhi zhiye, bu qiu ben er qiu biao ze yi qian yi ku )

Tous ces termes font partis du vocabulaire taoïste, ce sont des notions complexes et chargées de sens.



14/06/2007
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